LA METHADONE
Description
La méthadone est actuellement le seul stupéfiant autorisé au Canada pour le traitement de la dépendance aux opiacés. Les principales indications d’un traitement à la méthadone sont le soulagement du syndrome de sevrage aux opiacés au cours de la désintoxication et son utilisation à long terme comme traitement de substitution aux opiacés. Ce traitement à long terme est reconnu efficace pour diminuer la consommation illicite d’opiacés, réduire la criminalité qui y est associée et permettre une réinsertion sociale.
La méthadone, disponible sous forme de poudre soluble administrée par voie orale, est un opioïde de synthèse qui se distingue essentiellement de la morphine (opiacé naturel) et l'héroïne (opiacé semi-synthétique) par son action prolongée.
Elle a un effet agoniste sur les récepteurs du système nerveux, lui conférant ainsi des propriétés analogues à celles de la morphine. Son pouvoir analgésique est avantageusement comparable à celui de la morphine. Son activité maximale se situe entre 2 et 4 heures post-ingestion. La demi-vie de la méthadone est relativement longue et l’effet d’une seule dose chez un patient stabilisé peut durer de 24 à 36 heures, ce qui lui permet de fonctionner normalement sans symptôme de sevrage ni de somnolence.
L’occupation des récepteurs morphiniques fait en sorte que l’effet de l’héroïne sera diminué ou annulé si le patient en consomme. Il s’agit d’un phénomène de tolérance croisée aux autres opiacés de sorte que la méthadone bloque l’effet euphorisant produit par l’héroïne. La stabilité sérique n’est atteinte qu’après cinq jours d’administration continue de la substance. Une période de trois à cinq jours est donc nécessaire pour s’assurer de l’efficacité de la dose prescrite.
Effets à court terme
Contrairement à l'héroïne qui donne des sensations intenses, la méthadone amène un sentiment de légère euphorie, de l'indifférence et du repli sur soi. C'est également un antitussif. En dose suffisante, elle prévient l'apparition du syndrome de sevrage habituellement lié à la privation d'héroïne et bloque l'envie irrésistible de consommer.
Elle réduit les effets de l'héroïne consommée conjointement, diminuant d'autant le problème majeur que constitue la consommation conjointe d'autres substances psychoactives durant le traitement à la méthadone.
Comme pour les autres opiacés, les principaux effets indésirables sont la constipation, la prise de poids, les œdèmes périphériques, le prurit, la somnolence (surdose), la sudation, la gynécomastie, une diminution de la libido, une dysfonction sexuelle, etc.
Surdosage
Une surdose de méthadone peut provoquer un arrêt respiratoire. De par son incompatibilité avec l'alcool, les tranquillisants, les somnifères et les analgésiques, la consommation simultanée de méthadone avec l'un de ces produits peut avoir des effets nocifs, voire mettre la vie du consommateur en danger.
Effets à long terme
Aux doses appropriées, la méthadone est sécuritaire, la littérature rapportant des cas d’utilisation prolongée et continue de plus de 15 ans sans effets néfastes importants documentés.
Dépendance
La méthadone peut aussi engendrer une dépendance. On remplace ainsi une drogue illégale par une drogue légale. L'opinion largement répandue selon laquelle les traitements de substitution renforcent les dépendances n'a jamais trouvé confirmation. Le troisième rapport fédéral sur la méthadone conclut: "Il n'est pas certain que l'administration de méthadone prolonge la durée de la dépendance. Il est prouvé en revanche que les programmes de méthadone peuvent conduire à des succès même lorsqu'ils sont de longue durée".
Commentaires
Certains reprochent aux programmes de prescription de la méthadone de réduire à néant le potentiel de guérison des toxicomanes et leur motivation à entreprendre une thérapie puisqu'ils n'ont plus à se soucier de rien, l'État leur procurant le médicament. D'autres avancent, au contraire, que ce programme favorise la réduction des méfaits et rapproche le consommateur d'héroïne des fournisseurs de services.
Il n'en demeure pas moins que la prescription de méthadone favorise la réinsertion sociale des héroïnomanes et qu'elle a contribué de façon déterminante à réduire les cas d'infection au VIH-sida parmi les personnes toxico-dépendantes dans notre pays. Elle constitue également une forme particulière d'aide à la survie.